Yukon – Alaska : Un partenariat fort malgré la tempête

Le premier ministre du Yukon, Ranj Pillai (à gauche), et le grand chef du
Conseil des Premières Nations du Yukon, Peter Johnston, ont fait part
de leur unité à l’issue du Yukon Forum le 7 mars 2025 à Whitehorse
(Photo capture d’écran)
À l’issue du Yukon Forum, qui s’est clôturé le 7 mars 2025, le premier ministre du Yukon, Ranj Pillai et le grand chef du Conseil des Premières Nations du Yukon, Peter Johnston, ont fait part de leur unité face aux inquiétudes soulevées par les déclarations de l’administration Trump sur les tarifs douaniers et la sécurité dans l’Arctique canadien.
Il y a moins de deux ans, une nouvelle relation de travail et de collaboration s’était instaurée entre l’État de l’Alaska et le territoire du Yukon. Sous l’impulsion des conclusions du rapport du Conseil consultatif Yukonnais sur la sécurité dans l’Arctique, créé en 2024, des ententes avaient été conclues entre les deux gouvernements lors d’une visite du gouverneur républicain, Mike Dunleavy, à Whitehorse du 8 au 9 février 2024. Depuis lors, et jusqu’à l’arrivée du nouveau président américain en poste, la relation semblait bonne.
Depuis que de nombreuses déclarations et menaces ont été proférées par Donald Trump à l’encontre du Canada, notamment de la possible annexion du pays par la création d’un 51e état américain, le ciel ne semble plus aussi bleu pour les deux gouvernements.
Même si le premier ministre Ranj Pillai assure qu’il existe toujours un dialogue positif avec l’Alaska, il admet que Mike Dunleavy entretient une relation particulière avec la nouvelle administration américaine et est un allié de longue date de Donald Trump.
Le 25 novembre 2024, le premier ministre déclarait à l’issue d’un appel, décrit comme productif, avec le gouverneur de l’Alaska, que la résilience économique et le développement des infrastructures étaient des priorités communes des deux gouvernements.
« Le gouverneur et moi avons également discuté de notre désir sincère de favoriser le commerce et des économies fortes et durables », avait-il déclaré.
Or, avec la mise en place de nouveaux tarifs douaniers par les É.-U. et la réponse du Canada qui a, à son tour, répliqué en instaurant des tarifs similaires, la relation entre le Yukon et l’Alaska, se poursuit tant bien que mal dans un climat plus tempétueux qui nuit aux citoyens des deux côtés de la frontière selon M. Pillai.
Les membres de l’Assemblée de Skagway (The Skagway Borough Assembly) ont fait part de leurs inquiétudes sur les répercussions d’une guerre tarifaire avec le Canada. En février 2025 dans une lettre adressée au député Nick Begich et aux sénateurs Lisa Murkowski et Dan Sullivan, les liens historiques et économiques étroits entre la communauté de Skagway et Whitehorse ont été rappelés. Les habitants de Skagway dépendent en grande partie de la capitale yukonaise non seulement pour l’accès aux biens et services médicaux, dentaires et vétérinaires, mais en cas d’urgence, les services des équipes de l’intervention d’urgence canadienne peut être le seul moyen d’obtenir de l’aide dans les zones éloignées de montagne, en raison des fréquentes intempéries hivernales.
« Nos bonnes relations avec nos voisins canadiens sont donc essentielles pour sauver des vies », peut-on lire dans ce courrier.
L’Assemblée estime que les liens d’amitié et de partenariat qui unissent Skagway et le Yukon ne doivent pas être entravés par des politiques nationales qui ne reconnaissent pas la relation transfrontalière unique entre l’Alaska et le Yukon.
Le 14 mars 2025, le premier ministre Ranj Pillai a témoigné virtuellement, depuis Whitehorse, en faveur d’un projet de loi, dans l’état de l’Alaska, qui vise à reconnaitre et honorer la forte relation qui unit le Canada et l’Alaska. Il a commencé sa déclaration en affirmant que le Canada n’est pas et ne deviendra jamais le 51e état américain. Il a ensuite souligné les liens de longue date qui existent entre le Yukon et l’Alaska, notamment l’histoire commune de la ruée vers l’or. Les deux pays jouissent d’une relation transfrontalière solide et historique, d’une histoire commune haute en couleur et d’une véritable compréhension de ce qu’il faut pour survivre et prospérer dans le Nord selon M. Pillai.
Il a également salué l’amitié et le travail acharné du gouverneur Dunleavy depuis la signature du protocole d’accord concernant l’amélioration des infrastructures de la route de l’Alaska.
« La relation entre mon administration et le gouverneur Dunleavy est, à mon avis, la relation de travail la plus solide entre le gouvernement du Yukon et le gouvernement de l’Alaska dont je me souvienne. Le gouverneur Dunleavy apprécie, comme tous les habitants du Nord, l’interconnexion entre l’Alaska et le Canada, et nous sommes heureux de travailler avec cette administration (…) ».
Enfin, Orion Hanson, membre de l’Assemblée de Skagway, a expressément demandé, lors d’un témoignage public pendant l’étude de ce projet de loi, que les délégués fédéraux et le gouverneur Dunleavy représentent les intérêts du peuple de l’Alaska en s’opposant à « cette guerre commerciale imminente ». Selon lui, des droits de douane de 25 % sur les produits canadiens nuiront à la population de l’Alaska et auront un impact négatif important sur la ville de Skagway et sur son port vers le Canada.
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